à l’heure où les croyances s’égarent et où le monde va vers toujours plus d’individualisme, l’auteur sarrebourgeois Gaston-Paul Effa effectue un virage à 360°. Au cours d’un voyage retour aux sources au Cameroun, il a découvert la profondeur de l’animisme. Un mode de pensée jugé archaïque, mais porteur d’une vision du monde étonnamment moderne, plus humaine, plus en accord avec l’environnement de chacun.
Il a tiré un ouvrage-témoignage de ce voyage initiatique : Le Dieu perdu dans l’herbe. Cet essai vient d’être édité et est en vente dans les librairies de la ville (Leclerc, Maison de la Presse, Ventre de la Baleine), ou sur internet. « Cet essai ne traite ni de religion, ni de philosophie , assure le penseur sarrebourgeois. Il s’agit d’animisme, qui propose une compréhension neuve de notre environnement, un art de vivre. Face à un monde agité au bord du chaos, c’est une autre façon de vivre notre corps, notre être tout entier, de vivre le monde. »
Un art de penser, proche des éléments, que le penseur a découvert auprès de Tala, femme pygmée d’une grande sagesse. Après plusieurs semaines passées à ses côtés, le regard de Gaston-Paul Effa sur le monde a changé. « L’idée est de remettre l’humain sur la voie. Mais ça demande l’éveil de l’être tout entier, de regarder et de comprendre les choses les plus simples. »
Pour cette nouvelle approche, l’auteur sarrebourgeois a emprunté le titre de cet ouvrage à Philippe Jaccottet. « L’un des plus grands poètes contemporains , note Gaston-Paul Effa. Il incarne l’animisme en Occident. Il nous montre qu’il faut regarder vers le bas pour trouver la vérité. L’humain croit que Dieu est au-dessus et regarde le ciel. Alors qu’il est aussi dans tout ce qui est plus petit que nous, et qu’il faut se pencher vers le bas pour le voir. »
Pour réapprendre à écouter le monde, il faut donc décentrer la perspective habituelle, combattre son ego. « C’est un mur qu’il faut abattre pour trouver la clé. Il faut de la force, de l’audace et de l’humilité pour prendre cette clé, la tourner et ouvrir la porte. » Un retour aux sources, aux choses les plus simples, à l’écoute du monde qui nous entoure, et notamment de la nature.
« Tala m’a dit : "Et si c’était la nature qui humanisait l’homme ? Il faut regarder la nature , regarder son voisin" , indique Gaston-Paul Effa. L’Afrique, dans notre monde en quête de sens, a un rôle essentiel à jouer. Les peuples les plus vieux du monde la composent. On a tendance à l’oublier. » Et, avec, une grande part de la sagesse de l’humanité.
Les sociétés ancestrales ont un rapport à la nature très différent du nôtre, basé sur la raison et la gestion rationnelle des ressources. « La solution à un avenir meilleur pour l’humanité passera inévitablement par l’homme , assure le philosophe. L’humain sauvera l’humain. Mais il aura besoin pour ça de la nature. »