KPA KUM ! RETOUR EN BOULET DE CANON (24/04/2016)

Abega « Docteur », Manga Onguéné, Kunde, Mbida « Arantes », Emana "Marco", Kala, Mfédé, Omam Biyick, NKono, sans oublier le regretté Marc-Vivien Foe... Cette liste, bien loin d’être exhaustive, a au moins le mérite de montrer à quel point le Canon Yaoundé a compté parmi ses rangs bon nombre de pensionnaires de renom au cours des dernières décennies. Des joueurs qui ont marqué de leur empreinte l’âge d’or du club de Nkolndongo, et qui lui ont ouvert les portes de la reconnaissance bien au-delà des frontières du pays. Les 21 sacres nationaux glanés entre 1967 et 2002 (10 titres de champions et 11 coupes du Cameroun) ont largement contribué à l’hégémonie du « Kpa Kum », faisant de ce club phare la référence dans le paysage du football Camerounais.


Cependant, cette suprématie outrageuse, couronnée par un triplé en Coupe d'Afrique des Clubs Champions, d’un trophée des Vainqueurs de Coupe, tous obtenus de haute volée, toujours dans la décennie faste (1970 et 1980), n’a fait depuis 15 ans qu’alimenter la mémoire des supporters nostalgiques des « diables rouges ». Une longue période de disette, de traversée du désert, durant laquelle ce club légendaire n’a su rien glaner, sombrant inéluctablement dans l’anonymat sur la scène continentale, tout en rentrant dans le rang sur le plan national, au grand désarroi des habitués de la cuvette de Mfandena, devant se consoler en ressassant les exploits passés des glorieuses devancières de cette équipe bien rouge pâle à présent, pour ne pas perdre la foi. Pis, au fil des saisons, le Canon, adversaire tant redouté pendant des années, est devenu une équipe ordinaire à tel point que le club, gangréné par des luttes intestines, devait davantage penser à sa survie qu’à étoffer son palmarès. Un chemin de croix, dont le point d’orgue de cette situation intenable sera la saison 2014-2015. Saison ô combien laborieuse au plan sportif, à l'issue de laquelle, le club réussissait, quasi miraculeusement, à échapper à la rétrogradation sur tapis vert, évitant ainsi de retrouver le voisin Tonnerre à l’échelon inférieur.


Comme on dit, il faut souvent toucher le fond pour rebondir. Une rétrogradation aurait sans aucun doute constitué une petite mort pour le club mythique de la capitale politique. Mais cette traversée dans le couloir de la mort, va finalement s’avérer salutaire pour le club, et le couperet, bien que tombé très près, va au moins permettre une prise de conscience. Une fois le maintien confirmé et entériné par les instances administratives, un traitement de choc sera administré à ce club désormais qualifié de miraculé mais promis à une mort prochaine. Aux grands maux les grands remèdes. Sous la houlette du nouveau directeur sportif du club, en la personne de Jules Denis Onana, un ancien de la maison, une nouvelle équipe dirigeante va prendre en main le destin des « Mekok Me Ngonda ». Autour de Alima Jean-Claude, fraîchement nommé Président, un noyau de techniciens se constitue avec, entre autres, Atangana Joseph, Victor Ndip Akem et Afaka Nwatchok à la baguette, qui, à défaut d’obligation immédiate de redonner au club ses lettres de noblesse, se voient confier la délicate mission de faire naviguer le club dans des eaux moins tumultueuses, tout en insufflant un ADN à cette équipe, une identité de jeu et un état d’esprit qui s’étaient liquéfiés au fil des déboires et des désillusions du club.


Le Canon, à l’orée de la nouvelle saison, a donc opéré sa mue. A défaut de révolution de palais, la prise de conscience que le chemin sera long et certainement semé d’embuches, constitue un gage de sérieux et de détermination. Une période transitoire devant permettre au club de retrouver une certaine assise, surtout d’éviter les affres d’une nouvelle saison consacrée à lutter à se maintenir parmi l’élite, et éviter les derniers strapontins. Au-delà de toutes espérances, après 12 journées de championnat disputées, on peut déjà affirmer que le traitement a été salutaire. En effet, le Canon flirte avec les premières places au classement à seulement une encâblure du leader. Un mini-évènement qui n’était plus arrivé depuis bien longtemps, et que les supporters, trop longtemps privés de motifs de réjouissance, entrevoient déjà comme une véritable résurrection.


En coulisses les tensions semblent apaisées, et le climat beaucoup plus serein est un terreau fertile pour aborder les matchs et les échéances à venir dans les meilleures conditions. Preuve que la révolution est en marche : une politique de merchandising a été instaurée en début de saison, argument, s'il en était, en faveur de ce que la nouvelle équipe dirigeante veut se donner de la visibilité, dans ce combat pour la réhabilitation de ce monument du football national, et surtout inscrire son projet pour un grand Canon dans la durée.


De là à revoir le Canon au sommet de la hiérarchie nationale, avant un retour sur la scène continentale, il n’y a qu’un pas que la prudence et la réserve nous incitent à ne pas franchir trop allègrement. Mais cela dit, vu l’homogénéité du niveau des équipes qui se disputeront le leadership en fin de saison, il n’apparaît pas utopique de penser que le Canon pourrait avoir une belle carte à jouer dès cette saison, confirmant, une fois n’est pas coutume, le célèbre adage: "les légendes ne meurent jamais".


Atango.




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