Cameroun : le monde qu’on ne vous inventera pas ! (03/03/2017)

 

Crise pour les uns, problème pour les autres, le Cameroun a offert, ces derniers mois, l’image d’un corps subitement pris de fortes convulsions. Si celles-ci ne s’expriment pas par mêmes temps et lieu, elles apportent à l’observation la facilité de leur attribuer des causes distinctes. Au train meurtrier qui déraillait, les conclusions d’une enquête laissent entière l’idée que les  gouvernants sont familiers de la torpeur. Celle que provoque l’habitude de toujours improviser. La torpeur née de l’habitude de niveler par le bas les standards de la vie publique.

C’est cette vie collective, encore une fois, qui a émis  des bruits terribles de revendications. Revendications pour bilinguisme en langues officielles plus épanoui. Ce furent ensuite bruits et fureurs de sécession ailleurs,  dans les régions jadis administrées par la Grande-Bretagne. Les mêmes compétences, une fois de plus, étaient appelées pour répondre aux attentes, de langues officielles traitées de manière égale, ou juguler des tentatives de séparatisme. Les mêmes compétences, élevées sur les mêmes habitudes d'improvisation, de vues à court terme, du nivellement par le bas de la vie publique.

Les langues officielles du Cameroun, les gestions respectives des legs coloniaux, les opportunismes de quelque camp ont, de ce point de vue, peu de chances de dominer l’idée que, tout pays valant d'abord par la qualité de ses ressources humaines, ce n’est pas de sécession, fédéralisme ou décentralisation qu’il est seulement question dans cette affaire, au fond. Les ressources humaines, mal recrutées, mal employées, se révèlent, à l’emploi  justement, inaptes à saisir le sujet de leur destin collectif de manière enthousiaste, généreuse et profitable pour tous, au bout du compte.

Le sujet brûlant serait, de ce fait, celui d’une nation accroupie sur ses membres d’athlète de haut vol, mimant la marche du canard, pour la raison risible que le pays, dessiné, ferait penser au palmipède. Tout l’optimisme de l’observation naît aussi de ce constat : à moins d’en être vraiment un, nul ne saurait longtemps faire le canard sans en pâtir. Nul ne saurait longtemps forcer son inclination profonde, au profit d'une posture pour soi nocive. Le Cameroun est mère de beaux esprits. Ces derniers sauront bien le sauver des bassesses ou paresses de quelques uns.


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Chroniqueur : Ada Bessomo