Gibraltar Drakus : " Zanzibar, mon meilleur ami ! " (01/01/2020)


Le benjamin du groupe Les Têtes Brûlées était aussi le protégé de son meilleur animateur, Zanzibar. Gibraltar Drakus explose littéralement dès son premier album. Il n’a pas arrêté de se produire et de tenir le flambeau d’une certaine manière de jouer des bikutsi. Celle qui fait danser sans rien céder ni à la facilité du texte ni à la paresse de la composition. Plus actif que jamais, au sein de son association oeuvrant pour le soutien aux musiciens, Gibraltar Drakus a accepté de parler de celui à qui, de son aveu, le musicien qu’il est doit tellement.

"Je fais la rencontre de Zanzibar vers 1984/1985 par le canal du bassiste des têtes brûlées de l’époque. C’était « Soul Mangouma », Maah Martin, qui m’introduit dans le groupe, bien avant l’arrivée de Atebass.


Soul Mangouma intervient au collège en mercenaire, en  remplacement de Ntoumba Minka qui avait voyagé. Les deux n’étaient plus des élèves.
Comment j’entre dans les têtes brûlées?  J’ai déjà dit :  par le canal de Maah Martin qui fut  le bassiste des TB avant Atebass. Soul m’a accompagné lors d’un spectacle au collège et il m’a dit que mon niveau était assez élevé ; qu'il allait m’amener quelque part où je pourrais mieux m’exprimer avec de bons musiciens. Voilà comment il m’amène dans Les têtes brûlées.


Dès la première soirée, j’ai été passé à un test  direct lors d’une soirée au cabaret LIBERTÉ BAR de Mvog Ada, vers Montesquieu, à côté du BRASIER, en présence du public. Ce soir-là j’ai gagné 8000 F de « farotage », ce fut une belle expérience pour moi.  Un baptême de feu  en quelque sorte.


Le premier soir, Zanzibar m’a mis à l’épreuve en plein cabaret sans avoir répété avant et cela devant les clients; et j’ai fait un répertoire d’environ une vingtaine de chansons. Il y avait, entre autres, une chanson de :
.Djene Djento : "débroussailler"   .
.Sam Fan Thomas: "Noa" 
.Douleur : "Mamadou"
.Hilarion Nguema :  "Quand la femme se fâche"
.Toguy : "Elimbi na ngomo"
.Nkoti Francois : "Na ma timba souza"
.Kassav : "Tim Tim Bwa-Sek . Rété. Bizness. 
.La compagnie créole : « Amélia » et « Paris Paris »
Les vétérans « :  Sima a ndegele » et « Marie Loulou ».
Et Quatre chansons de Ange Ebogo : " 12 soukouss /okon ma kon /manina/mebo wo ya!  Etc...


Depuis ce jour-là, Zanzi fut très impressionné par ma prestation. Je crois que Zanzi était devenu mon fan numéro 1 ce soir-là...et il m’a du coup adopté comme un petit frère, un fils, un protégé... Il s’est très rapidement installé une très grande complicité entre Zanzibar et moi et à travers lui, j’ai énormément appris et je suis très vite devenu un pro !  Soul Mangouma, qui m’avait amené dans le groupe, n’avait plus trop accès à moi comme avant...


J’avais déjà joué  dans quelques cabarets : au Negresco au carrefour Mvog Mbi, au niveau de la CCA, avec Christian Nguini et au Cabanon,  à Montée âne rouge, face l’imprimerie Koulouma, avec Césaire, pianiste, Soul Mangouma, Tounde Ondoa et autres... J’avais autour de 14 et 15 ans par là.


Je suis au fil des jours et des semaines devenu le meilleur ami de Zanzibar. Il m’arrivait de passer des jours et des nuits chez lui à Essos, à travailler au niveau du répertoire. Nous travaillions sur les méthodes et notions de compositions musicales  et il me donnait quelques notions de guitare, mais moi je n’avais aucune envie de devenir guitariste. Lui, trouvait que j’avais de très bonnes prédispositions pour devenir guitariste. Il m’a toujours dit: « Grand frère, car il m’appelait ainsi, pour composer de belles mélodies, tu dois jouer d’un instrument. Cela te facilitera les choses et te permettra de mieux les comprendre. »


Zanzibar fut pour moi un grand frère, un père, un guide professionnel, en fait mon meilleur Ami! Un Ami très précieux.  Depuis son décès en 1988, je n’ai  eu que des hypocrites et des faux amis autour de moi...  Chaque fois que je me suis mis franchement au travail depuis son décès, je sens toujours sa présence autour de moi. Certainement pour m' encadrer, me protéger et me guider...


Tout ce que je suis dans la musique je le dois à Zanzibar à 65%.


Ses qualités que j’appréciais le plus : la simplicité l’humilité, l’amour du travail bien fait, l’application et le dévouement au travail et l’amour du prochain.


En tant qu'homme il avait l’amour et le respect du prochain."


Propos recueillis par Ada Bessomo




Chroniqueur : Ada Bessomo