Les « Humanités gabonaises » au service des discours sur les savoirs (24/12/2015)

Note de lecture.

Organe de publication des Editions Ntsame, « Humanités gabonaises » est le nom de la dernière-née des revues scientifiques gabonaises. Elle se veut une publication pluridisciplinaire qui s’adresse aux universitaires  gabonais, d’Afrique et de l’espace francophone mondial. Mais pas seulement, en réalité. Ouverte sur le plan thématique, ce premier numéro a été conçu en décembre dernier.

 

RN

 

SPECIALISEES jusque-là dans la publication de romans, de recueils de poèmes, de contes et autres essais, les Editions Ntsame viennent de mettre sur le marché, à la disposition du lecteur curieux, une revue scientifique. Ce projet émane de Sylvie Ntsame, la fondatrice des éditions du même nom, qui a su s’entourer d’une équipe d’hommes et de femmes aux parcours scientifiques brillants et à la notoriété nationale et internationale incontestable. L’éditrice s’explique, dans son éditorial : « Evoluant dans un siècle essentiellement critique et ouvert aux échanges interculturels, j’ai pensé, en tant que fondatrice des Editions Ntsame, qu’il était plus qu’urgent d’offrir une tribune à ceux qui fabriquent et véhiculent la connaissance dans notre monde d’aujourd’hui. »

De fait, les « Humanités gabonaises » se présentent comme une plate-forme interdisciplinaire où doivent se rencontrer et se croiser différents discours du savoir développés dans nos universités. « Le recours à la notion ancienne d’humanités nous rappelle simplement qu’une revue scientifique est le lieu de rencontre de discours différents sur le devenir de l’homme : l’homme qui crée, va à la rencontre de l’autre, s’organise en vue d’un meilleur vivre, imagine un environnement propice aux échanges multiples », ajoute Sylvie Ntasme.

Dans ce premier numéro, les « discours différents » sur l’homme sont au nombre de sept : le nombre de contributeurs retenus. Nicolas Mba-Zué ouvre la série avec un travail portant sur « les titres des romans gabonais » : une étude instructive sur la nature et la fonction du titre dans le roman gabonais. Pour leur part, Pierre Ondo-Mebiame et Edgard Maillard Ella ont proposé une « Contribution en vue de l’amélioration du « Dictionnaire des Gabonismes » de Eric Dodo-Bounguenza ». Une somme de remarques sur les insuffisances de ce dictionnaire et de suggestions pour y remédier. Avec « Parenté et alliances dans « Eugénie Grandet » de Balzac », Rodrigue Ndong s’est penché sur la question de l’arrivisme et des moyens qui y aident dans le roman balzacien. « La diplomatie militaire de la France en Afrique à travers la typologie des interventions, 1957-2004 », tel est l’intitulé du travail sur les « types »  effectué par Antoine-Denis Ndimina-Mougala. Hémery-Hervais Sima Eyi aura, lui, procédé à une « analyse du temps de la chose racontée ou temps de la narration et du temps du récit dans « Les Soleils des indépendances » d’Ahmadou Kourouma et « La Fabrique de cérémonies de Kossi Efoui » : une approche narratologique de deux romans africains contemporains. Avec « Como leer el poema « Himno entre ruinas » de Octavio Paz », Théodorine Nto Amvane-Ekome ouvre la revue de Sylvie Ntsame à d’autres univers linguistiques que francophone. Jean Léonard Nguema Ondo, avec « Corps féminin et écriture féminine en littérature gabonaise », ferme la liste de ces premiers contributeurs. 

Dans son ensemble, la revue est bien tenue. Les illustrations qui accompagnent le travail fouillé de Pierre Ondo-Mebiame et Edgard Maillard Ella, par exemple, se présentent comme une œuvre dans l’œuvre, tant leur réalisation est fine et soignée.

Gageons que l’accueil favorable réservé à ce premier numéro est de bon augure pour le numéro deuxième dont l’appel à contribution a été lancé sitôt après la présentation officielle de ce premier volume. Tout le mal qu’on lui souhaite.

 




Chroniqueur : Rodrigue Ndong