LINTON KWESI JOHNSON : Poétique, Politique. (06/01/2016)

Certaines accolades vous chavirent très longtemps. Des dérives en bonheur que rien ne saurait plus chiper à votre mémoire. J'ai régardé sa photo pour m'avouer qu'hier, ce sont plus de dix-sept ans ans déjà. Hier, c'est, grâce à lui, l'initiation en toute délicatesse à la rencontre, que dis-je, l'accueil sans façon des insulaires des musiques de combat. Musiques et mots pour voler la vie à ses rhumatismes.

Une voix qu'il nous plaît, à Ozila, de ne jamais oublier. Linton Kwesi Johnson, LKJ, thanks for all...

 

Part I:

 

Vous n’êtes pas seulement musicien, mais poète aussi…

 

-         Je suis d’abord poète avant d’être musicien. Je ne me considère pas vraiment comme un musicien, même si j’utilise la basse pour composer, et j’ai joué de la basse une seule fois dans un disque. Pas le mien, mais celui d’un gars qui s’appelle Fixay, qui est Suisse. Il a sorti un disque qui s’appelle «  Return of Penny Wiley ». Je lui ai écrit une chanson intitulée «  Rebirth » sur laquelle j’ai joué de la basse pour lui.

        

 C’est la seule fois où j’ai joué de la basse sur un disque. Je suis fondamentalement poète. Je commence par le mot mais je travaille dans la tradition orale, et cela se prête à un accompagnement musical, parce qu’il y a de toute façon  beaucoup de musique dans le langage. Et la musique est devenue un véhicule qui conduit la poésie à un plus large public. Je me vois donc premièrement comme un poète.

 

Un poète engagé…

 

-         La poésie a paru dans mon engagement en politique lors des combats politiques du peuple noir contre l’oppression. Depuis mon adolescence, à l’école, j’étais engagé dans un mouvement  «  Black Panther », dans plusieurs organisations comme le «  Rest Today Action Committee », le «  George Lindo Action Committee », le «  New Gus Masika Action Committee »… Je m’étais engagé dans multiples et différentes organisations. Mon inspiration à travers la poésie vient de mon engagement dans ces combats politiques du peuple noir. Incluons-y aussi les moments heureux : les luttes d’indépendance qui se sont déroulées en Afrique, comme la libération du Mozambique, de l’Afrique du Sud et d’autres pays… En conséquence, la relation entre l’engagement  et la poésie est que l’un influence l’autre.

 

Vos influences en poésie ?

 

-         Mes influences poétiques viennent des premiers disques  déclamés de Jamaïque, de personnes comme Prince Buster. Prince Buster est l’auteur du fameux disque sur lequel il y a, à un moment, un dialogue, dans une salle de tribunal, entre un juge et un prisonnier. Le juge, appelé Juge Dread, est venu d’Afrique juger tous ces voyous pour avoir tué des Noirs. Il y a un autre disque qui s’appelle «  The ten commandments of mine » qui en fait dit à la femme de se comporter de telle ou telle façon. Peter ( NDLR : Peter Tosh.) dirait que le monde est devenu très sexiste de nos jours, mais voilà le genre de premiers airs déclamés qui m’ont influencé.       

Ce n’était pas de la chanson, ni du D.J tel qu’on l’entend. C’était juste jouer de la parole, vous savez ? Plus tard j’ai été influencé par certains D.J  Reggae comme Big Youth, U Roy et autres.

Mais en ce qui concerne la poésie publiée, mes influences sont très étendues.

Et ce sont les poètes révolutionnaires  et les poètes noirs qui m’ont le plus influencé. Même si j’ai lu des poètes comme Rimbaud, ce sont des personnes comme Christopher Okigbo du Nigéria, Tchicaya U Tamsi du Congo qui m’ont influencé.  Des personnes comme Kamau Braithwaite des Barbades, Martin Quarteh du Ghana, Amiri Baraka, Jayne Cortez des Etats-Unis… Voilà quelques poètes dont les travaux ont eu de l’influence sur moi.

 

Propos recueillis par Ada Bessomo





Chroniqueur : Ada Bessomo